Histoire

Histoire

En guise préambule

En guise préambule

Remonter le cours de l'histoire de notre village jusqu'au temps des romains peut étonner le visiteur quand vous découvrirez que les témoignages de la grandeur de Bruère sont pour la plupart profondément ensevelis sous la terre et sous les murs de nos maisons. Pourtant les passages successifs des populations depuis la Pax Romana ont nourri les riches heures de Bruère !

 

Si nous souhaitons la faire partager, c'est qu'elle fonde aussi  la légende et la fierté des Bruérois, en plus des vestiges de la ville fortifiée et des dédales de nos ruelles que le curieux aura plaisir à emprunter.

L'antique petite ville de Bruère

Au temps des romains

Durant le dernier siècle avant notre ère, le royaume des Bituriges qui occupaient notre région, déclinait. Pourtant de Bruère (du celte Brivodorum, de Briva, le pont) à Allichamps (du celte Aliscampis, le champ d'Aalis ou Adalis) les cités étaient actives et prospères. On y exploitait le minerai de fer ; des digues barraient le Cher pour l'installation de moulins à blé et à draps, le poisson y était abondant ; les forêts prodiguaient bois de construction, chaleur et nourriture.

Après la défaite de Vercingétorix à Alesia, en 52 avant notre ère, les légions romaines s'installèrent à Bruère, dont elles appréciaient autant l'ondoiement des collines que la position stratégique. Bâtisseurs d'exception, ils perfectionnèrent d'abord l'extraction de la pierre à la carrière de La Celle pour la construction des routes, des ponts, l'élévation des temples, des villas, d'un amphithéâtre, la sculpture des stèles, des bornes... .

A Allichamps, Claude le Gothique (268-270) commanda la construction d'un temple dédié à Diane ; à Bruère, l'empereur Caracalla (211-217) fit bâtir une sacella (chapelle) en mémoire du frère qu'il fit assassiner.

Bientôt une ville forte supplanta le petit village gaulois. D'épais remparts s'élevèrent sur un rectangle d'environ 230m par 40m, bordés de fossés atteignant 8m de larges. Des tours défensives et un chemin de ronde complétèrent cet ensemble auquel on accédait par des portes à ponts levis ouvrant  la voie d'Avaricum (Bourges) à Augustonemetum (Clermont Ferrand). Un trivium (borne milliaire indiquant les distances dans trois directions) marquait l'embranchement de cet axe vers Mediolanum (Châteaumeillant), en empruntant le pont sur le Cher. Ce trivium  fut emporté par les invasions barbares qui se sont succédées après la chute de l'empire romain occidental en 476. Converti en sarcophage, il fut exhumé au 18ème siècle par le prieur Pajonnet au lieu-dit La-Levée-de-César.

Si les romains eurent le génie de la pierre, ils eurent aussi celui de l'eau. Les infrastructures collectives furent complétées par la construction d'un aqueduc sur le Cher, des thermes et de nombreux puits favorisant la luxuriance des vergers, des potagers et l'implantation de la vigne. D'ailleurs, à proximité du chemin des vignes, sur la colline, des fouilles ont révélé l'existence d'une villa à la mode romaine, vaste domaine de parcs et de jardins tant enchanteurs que nourriciers.

Les nombreux édifices témoins de cet habitat ne subsistent plus qu'à l'état de vestiges ou de fondations, mais nourrissent toujours la fierté des Bruérois qui ont choisi comme emblème du village la célèbre colonne dite du "Centre de la France".
 

Au temps des Chevaliers

Dès la chute de l'empire romain, une très longue période d'invasions et de divisions s'installe jusqu'au 9ème siècle.

Sous le règne de Charles le Chauve, une motte fortifiée fut érigée sur la colline, modifiée, renforcée, elle commandait le passage du Cher et protégea Bruère pendant plus de deux siècles. Son dessin apparaît nettement sur le plan du cadastre sous la dénomination "La Tour".

 Les pillages s'accentuent et vers 1138, Ebbe de Charenton, seigneur de Bruère autorise la construction d'un château fort.

Les remparts gallo-romains furent relevés en d'importantes fortifications dont les tours et remparts surprendront le promeneur curieux.

Grâce à l'action de familles puissantes, dont celles de Sully puis d'Albret, Bruère connut sa grande époque, du XIIème au premier quart du XVème siècle.

 On dote alors la ville forte de plusieurs chapelles, dont la chapelle Saint Pierre sise à l'angle des rues Gorges Sand et Vieilles Portes. Le 11 novembre 1285, le jeune roi Philippe Le Bel fait étape à Bruère. A la tête d'une cohorte royale, il ramène de Perpignan le corps de son père Philippe III Le Hardi décédé au cours de sa désastreuse campagne d'Aragon. Ce dernier reposa une nuit dans cette chapelle.

Des fiefs de Saint Loup, Uzay, Le Venon, La Châtelette, Nozières, les seigneurs construisent au sein de la ville close des hôtels de repli. La vie commercante bat son plain et la rue du milieu draîne une importante population de voyageurs et de marchands. Deux foires patentées, un notaire, des banquiers ... la bourgeoisie locale prospère !

La communauté cistercienne des moines qu'abrite la récente abbaye de Noirlac, prend également de l'ampleur et fait construire en plus de l'hôtel de Lavenière, un hôtel particulier avec tour de guet, situé à l'emplacement du bureau de La Poste.

 Les  furent autorisés par le seigneur de Bruère, Henri IV de Sully, à établir un refuge à l'emplacement actuel des n°5 et 7 de la rue Georges Sand.

 Hors les murs, un hôtel-Dieu est élevé sur les vestiges du temple que Caracalla commanda à la mémoire du frère qu'il fit assassiner. Lieu d'accueil pour les indigents et les malades, il tomba rapidement sous le régime de la Commende. La vicairie et la chapelle dédiée à Saint Mathurin connurent d'importantes transformations au XVème.

 Une maladrerie (léproserie) vient compléter le dispositif d'accueil de la cité. Destiné à traiter les patients atteints de la lèpre, cet hôpital sert aussi de lieu d'isolement et dispose donc d'une économie propre, ce qui explique son étendue. La rue de la maladrerie témoigne de son emplacement à Bruère.

 En 1337 survient la guerre de Cent ans. Charles d'Albret, seigneur de Bruère, débordé dans ses alliances, signa une paix inutile en 1412 à Auxerre car ses alliés anglais l'assiégèrent à Montrond, à Orval ; la ville fut finalement pillée, détruite et brulée.
 

Au temps des lumières

La guerre de Cent Ans se termina en 1483 par la victoire de Castillon. La vie de notre village depuis sa destruction en 1412 resta très difficile.

 Toutefois les habitants résistèrent avec courage aux émeutes et pillages, reconstruisirent leurs maisons près des remparts en ruines et l'activité reprit tant bien que mal durant un siècle et demi.

 C'est à partir de 1606 lorsque le baron de Rosny, duc de Sully, racheta les terres à M. de Nevers, que la restauration du village commença réellement. Enfin en 1621, le prince de Condé, cousin du roi Louis XIV, acquît l'ensemble du domaine et fait de la forteresse de Montrond une des plus belles places du royaume. Bruère en devint l'avant-garde et recouvra pour un temps son faste d'antan. De ce 17ème siècle, Bruère n'a conservé aucun témoignage, vous comprendrez vite pourquoi.

 En 1648, alors que Louis XIV n'avait que 10 ans, la Fronde éclata, dirigée contre Anne d'Autriche régente et son ministre Mazarin. Le "Grand Condé", après avoir sauvé le royaume en 1649 va rejoindre la Fronde qui fut un véritable fléau pour notre petit pays .

 L'avant poste bruérois n'échappa pas aux épidémies, à la disette, aux incendies et aux pillages ; venant des assiégés comme des assiégeants, la ruine est totale. L'abbaye de Noirlac n'est pas épargnée. Elle ne compte d'ailleurs plus que 4 moines au 17ème siècle.

Cette fois encore, le village fut anéanti. La féodalité de Bruère disparaîtra avec son château.

 La vie spirituelle de Bruère n'en fût toutefois pas ébranlée et les curés se succédèrent avec régularité dans les différentes chapelles, vicairies, prieuré du village dont le prieur Pajonnet que nous avons déjà évoqué pour sa passion des "antiquités".